L’instruction en famille, Ief pour les intimes

L’instruction est obligatoire en France, et ce, dès 3 ans. Nous faisons le point sur ce qu’est l’Ief et ce que change la loi de 2021. 

Qu’est-ce que l’instruction ?

Instruction : nom féminin, action d’enrichir et de former l’esprit (de la jeunesse) – source Dictionnaire le Robert 

En France, l’instruction est obligatoire de 3 à 16 ans. 

Jusqu’à août 2021, il était possible d’instruire ses enfants à la maison, donc en famille, en notifiant simplement nos intentions. Bien sûr, les parents pratiquant l’ief étaient soumis chaque année à un contrôle pour chacun de leurs enfants, durant lequel ils devaient montrer les avancées de leur progéniture ainsi que les supports utilisés (de vrais dossiers avec photos et réalisation, donc un vrai contrôle, qui, en général, se passaient bien.) L’école n’était donc pas obligatoire, ce que la loi de 2021 vient quelque peu chambouler !

Que dit la nouvelle loi ?

Pour tout enfant résident en France et âgé entre 3 et 16 ans révolus, le droit de suivre un enseignement à distance est désormais soumis à autorisation auprès du directeur académique des services de l’éducation nationale.

En clair, ce qui n’était qu’une formalité, soumise à contrôle, demande maintenant une autorisation, donc un motif, autre que celui de simplement vouloir instruire son enfant, ou de refuser de le laisser 4 jours par semaine, 8 h par jour en moyenne entre les mains d’adultes inconnus, dans un système que nous ne maîtrisons pas, voir ne cautionnons pas.

Quels sont les motifs acceptés pour instruire en famille ?

Vous pouvez être autorisé à instruire votre enfant dans la famille pour l’un des motifs suivants :

  • État de santé de l’enfant
  • Situation de handicap de l’enfant
  • Pratique d’activités sportives ou artistiques intensives de l’enfant
  • Itinérance de la famille en France
  • Éloignement géographique de tout établissement scolaire public
  • Existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif
  • Intégrité physique ou morale de l’enfant menacée dans son établissement scolaire

Source : service-public. 

Chaque situation requiert son lot de paperasse, et je soulèverai ici ce que je trouve le plus absurde. Par exemple, demander des inscriptions à des activités sportives avant l’inscription (l’année précédente donc pour constituer le dossier)… Aussi, le point de l’itinérance de la famille en France : comment prouver son itinérance prochaine ? Si la famille voyage en bus par exemple, sans itinéraire fixe ou même réservation, il lui faudra présenter des photographies imaginaires de leurs prochaines vacances ? Vraiment, je ne vois pas, n’hésitez pas à éclairer ma lanterne !

J’ai également des doutes sur un point, il faut avoir le bac pour instruire ses enfants, or beaucoup de personnes n’ont pas le bac, tout en étant instruites ! Par exemple, ceux qui ont suivi une formation professionnelle ? Ou les personnes qui n’ont pas vécu une bonne scolarité, car elles étaient inadaptées ou leur intégrité n’était pas respectée… 

Mais également les délais de recourt très courts, de quelques jours seulement… pourquoi ? 

Les premiers procès sont en cours. Les premiers parents n’ayant pas demandé l’autorisation de poursuivre leur instruction en famille sont loin des clichés de séparatisme que la loi voudrait stopper : diplômés, instruits, cherchant simplement à respecter le rythme de leur fils de 6 ans. Ils ont voulu inscrire leur enfant à mi-temps dans une école, l’éducation nationale à refusé. Aucun séparatisme donc. Mais, le juge voit quand même une forme de séparatisme dans leur méfiance envers l’éducation nationale.

Ils ont donc reçu leur peine : 500 euros d’amende avec sursis chacun.

Pourquoi je ne souhaite pas mettre mes enfants à l’école ?

Je tiens à préciser que cela n’est pas à charge contre les professionnels de l’enseignement, certains sont passionnés et font très bien leur métier. Je ne parlerai pas des violences éducatives que l’on peut rencontrer dans ce milieu, c’est l’une des raisons mais, même si mes enfants avaient la chance de ne tomber que sur des profs, directeurs etc merveilleux, c’est tout un système qui me dérange.

  • Les enfants sont classés par âge : pour moi, rien de mieux que d’apprendre des plus jeunes et des plus vieux, je suis pour mélanger le 1er, 2eme et 3eme âge !
  • La compétition : avoir de bonnes notes, ou de bonnes lettres, le système de la récompense, ne me parle pas du tout. Chaque enfant progresse constamment, à son rythme.
  • Le même programme pour tous : peu importe les envies, les passions, les difficultés.
  • Assis, devant un enseignant, presque toute la journée : il faut bouger, sortir, respirer l’air frais et se balader dans la nature, lire sous la table, compter les champignons…
  • Les autres enfants : imposer des relations sociales, chaque jour, à nos enfants ? Ils doivent déjà vivre avec leur famille (ahah) alors, d’autres enfants (sans parler des adultes encore une fois) si cela se passe mal ? L’enfant doit constamment composer avec les autres, les bruits, les interactions. Cela ne convient pas à tout le monde.
  • Les besoins de l’enfant : se lever fatigué, demander pour aller aux toilettes, ne pas avoir le droit d’aller boire car « il fallait y penser pendant la récré », rester assis, ne pas parler… etc.

Je n’évoque pas ici les manques de moyens humains et financiers, les manques de formation…

Alors, bien sûr, il y a aussi des avantages à aller à l’école, mais ce petit aperçu de ce que j’en pense me suffit pour avoir envie de pratiquer l’instruction en famille. Je m’autorise aussi à changer d’avis, selon les difficultés rencontrées ou les demandes de mes enfants.

Je ne critique pas les parents qui préfèrent l’école pour leurs enfants, attention, chacun ses choix.

L’ief, un choix facile pour nous ?

Je vois déjà les gens me dirent « ah, mais, toi, tu peux te permettre ». Et bien, pas plus que la plupart des personnes qui me diront ça. L’instruction en famille a un coût, et je devrais diminuer mes heures de travail ! Puis, avoir ses enfants toute la journée c’est super, mais je suppose que parfois on aimerait les mettre à l’école pour ne plus y penser (ahah). Cela me rappelle les remarques sur l’allaitement de mon fils, qui s’est arrêté naturellement il y a peu, pour ses 16 mois : je suis auto entrepreneur, donc tout le monde ou presque s’est permis de me dire « ah bah tu travail pas, c’est facile pour toi. » Sauf qu’en réalité, si, je travaille, et sans congé maternité. Donc, non, ce n’est pas plus facile. Enfin, dans ces personnes, aucune n’a d’obligation vitale à avoir un travail de bureau. Donc, toutes, auraient pu choisir de lancer leur entreprise pour allaiter plus « facilement » leurs enfants.

Chaque choix pour nos enfants implique des sacrifices, et l’Ief n’est pas le choix de la facilité, sinon celui de l’amour, de l’envie de vivre pleinement avec ses enfants, de les voir grandir et s’épanouir selon leurs envies, leurs personnalités, leurs passions, sans se priver de voyage, de découvertes hors des sentiers battus… et hors vacances scolaires !

Et vous, êtes-vous plutôt ief ou école ? Dites-m’en plus !

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